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ComplianceESG13 juin, 2023

L’expert HSE 2.0 selon la réglementation ESG

Il y a du changement dans l’air dans le domaine de la durabilité. Depuis juin 2023, nous en savons plus sur les directives spécifiques de la Commission européenne en matière de reporting des activités durables, et plus particulièrement sur les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Ces nouvelles directives sont introduites afin d’améliorer la transparence et la comparabilité des rapports de durabilité dans l’Union européenne. Il s’agit d’un prolongement du pacte vert.

Les entreprises devront se concentrer sur les critères ESG et fournir un plus large éventail de données, notamment en ce qui concerne leur impact sur l’environnement, leur engagement social et leur structure de gouvernance.

Le profil de l’expert HSE doit être remis à niveau, conformément à la réglementation ESG

Le reporting obligatoire des chiffres ESG souligne l’attention croissante portée à la durabilité et à la responsabilité par les entreprises européennes. Mais il implique aussi davantage de devoirs pour celles-ci. Comment le professionnel HSE peut-il contribuer à prendre les mesures qui s’imposent ?

La parole à Hildegard Deweerdt

Nous nous sommes entretenus avec Hildegard Deweerdt, experte environnementale et spécialiste en sciences de l’environnement. Auteur appréciée chez Wolters Kluwer, elle sait mieux que quiconque à quoi est confronté le professionnel HSE aujourd’hui.

Elle nous a expliqué ce qui attend cette figure clé et ce que peuvent entreprendre les coordinateurs environnementaux, conseillers en prévention et coordinateurs de sécurité dès aujourd’hui pour se mettre en conformité d’ici 2024.

Les origines de la réglementation ESG

ESG est le sigle d’Environnement, Société et Gouvernance. Ce concept trouve ses origines dans la triple bottom line, un cadre qui prévoit que les entreprises doivent équilibrer leurs intérêts et ne pas se concentrer uniquement sur les profits. Les critères ESG sont une évolution de ce concept. Il s’agit en d’autres termes du mécanisme de contrôle du pacte vert pour l’Europe.

Étant donné que ces trois aspects concernent presque toutes les entreprises, les critères ESG sont utilisés à grande échelle par les organisations internationales pour mesurer la durabilité. Les normes de durabilité les plus utilisées dans le monde, comme celles de la Global Reporting Initiative (GRI), sont basées sur ces critères.

En outre, la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD), une réglementation en matière de durabilité introduite par la Commission européenne en 2023, repose aussi sur les critères ESG. Ceux-ci continueront donc à jouer un rôle central dans la mesure et le reporting des performances des entreprises en matière de durabilité.

Quel est l’intérêt des critères ESG ?
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Quel est l’intérêt des critères ESG ?

Les principaux défis en matière de reporting ESG pour l’expert HSE

Presque tous les départements des entreprises auront du pain sur la planche dans les mois à venir, mais l’expert HSE sera particulièrement sous pression. Dans le cadre de la nouvelle obligation de reporting des chiffres ESG, cette fonction occupera une place déterminante dans les entreprises, quel que soit le secteur.

Les coordinateurs environnementaux seront mieux guidés et recevront davantage d’outils en vue du reporting. Il s’agit clairement d’un point positif. Mais toutes les fonctions HSE ne bénéficieront pas d’autant de liberté, de temps et de ressources internes pour recueillir des données aux fins du reporting ESG. Le principal défi réside peut-être dans la collecte de données, et qui plus est de données exactes. Toutes les entreprises ne sont pas prêtes pour cette méthode de travail transparente.

Le professionnel HSE est certainement le mieux placé pour prendre les premières mesures en la matière, si la transparence des chiffres dans l’organisation est à améliorer.

L’importance de chiffres exacts

Hildegard explique que les données ne sont pas toujours présentes en quantité. Les chiffres et les données peuvent aussi être trompeurs. Tant qu’il n’y a pas d’obligation légale ou de responsabilité officielle en matière de reporting, nous constatons que les chiffres ne sont pas toujours fiables.
Quoi que vous fassiez, ne vous adonnez pas à l’écoblanchiment. Une entreprise n’a rien à gagner à enjoliver les faits ou à inventer une croissance de ses activités durables », affirme l’experte.
HildegardDeweerdt

Des objectifs modestes sont tout à l’honneur des entreprises et plus accessibles

Hildegard Deweerdt évoque soudain un deuxième défi de taille. « Au début, contentez-vous d’objectifs modestes. »

Il peut être très difficile pour une entreprise de devoir tout d’un coup se concentrer sur toute une série de postes ESG à inclure dans ses rapports. Certains ne font pas encore l’objet d’une obligation légale. « Il n’y a aucun intérêt à avoir les yeux plus gros que le ventre et à inclure de très nombreux chiffres dans le reporting si c’est pour s’essouffler par la suite », explique Hildegard.

Notre experte conseille aux professionnels HSE de surtout mettre en relation les données concernées par l’obligation légale avec la matrice de matérialité de leur entreprise. Celle-ci répertorie les principaux enjeux ESG qui, selon les parties prenantes, doivent faire une différence durable.

La biodiversité n’est pas sur la liste ? Alors il est inutile de l’inclure dans le reporting si elle ne fait pas l’objet d’une obligation légale.
HildegardDeweerdt

Ce sont les PME qui devront faire le plus d’efforts

De nombreuses PME ont été durement touchées par la crise du coronavirus.

Leurs réserves financières limitées les ont rendues vulnérables au ralentissement économique. La flambée des prix de l’énergie a encore réduit leurs marges bénéficiaires, ce qui a sensiblement compliqué leur reprise et leur survie.

Les investissements obligatoires dans la durabilité ont exercé une pression supplémentaire sur les finances des PME. Aussi importante soit-elle, la durabilité a, à court terme, affaibli leur position financière. Ces entreprises ont été confrontées à une succession de défis en raison desquels elles sont à la traîne. Il est crucial de leur offrir un soutien adapté pour renforcer leur résilience et leur croissance et les aider à envisager un avenir durable.

Quels sont les principaux défis ?
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Quels sont les principaux défis ?

À propos du coronavirus...

L’influence du coronavirus sur la mise en œuvre des plans ESG est importante. Le fait de prendre soin de soi, la pleine conscience, la sécurité, l’absentéisme et le bien-être sont plus que jamais à l’ordre du jour. Dans certains cas, la pandémie a secoué les entreprises. Les organisations ont davantage pris conscience de l’intérêt de la durabilité. En outre, le respect des critères ESG constitue un atout économique pour les entreprises. Depuis la crise du coronavirus, les gens réfléchissent davantage à leur environnement de travail idéal. Les organisations qui tiennent compte des critères ESG ont donc une longueur d’avance dans la guerre des talents.

La garantie de livraison des marchandises s’est aussi retrouvée en tête de la liste des priorités. Pensez par exemple au navire bloqué au Panama. Il est préférable que les biens essentiels (comme les masques) ne dépendent pas de trop d’éléments différents. Quand on veut entreprendre de manière plus durable, il est important d’agir au niveau local et de créer des liens plus rapides.

Essai et erreur : c’est permis !

Tout ne doit pas toujours être impeccable du premier coup. Les ambitions ESG ne sont pas des mesures ponctuelles. Un plan ESG offre à l’expert HSE la marge nécessaire pour procéder à des améliorations au profit de l’environnement, de l’homme et de son cadre de vie. Rome ne s’est pas faite en un jour. Il en va de même pour un plan ESG faisable et ambitieux.

Hildegard Deweerdt nous fait part de son expérience et nous en dit plus sur une tentative de mettre en place une zone verte au travail, visant à attirer les abeilles. L’initiative n’a pas tout de suite rencontré le succès. Mais la persévérance a payé : grâce aux leçons tirées de cet échec, le deuxième essai a été le bon.

Essai et erreur
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Essai et erreur
Les plans ESG ne doivent pas faire mouche du premier coup. Le plus important est de faire une différence, aussi petite soit-elle.
Hildegard Deweerdt

De l’idée à la pratique

Concevoir un bon plan ESG est une chose, le mettre en pratique en est une autre. La conception de la structure organisationnelle se répercute sur l’efficacité de cette mise en œuvre. Le rôle du professionnel HSE est ici crucial.

Le professionnel HSE relève souvent du directeur général. Il a pour mission de prendre l’initiative en ce qui concerne la collecte de données. Absentéisme pour cause de maladie, égalité des genres... Ces variables sont bien connues de l’expert HSE et font partie du volet social du reporting.

Un conseiller en prévention ou un coordinateur environnemental aura peut-être moins de visibilité sur les données numériques, par exemple. Il doit toutefois avoir la possibilité de les recueillir auprès d’autres départements. Autrement, on ne pourra pas parler d’une approche à 360° du reporting.

Pour mettre une idée en pratique, il est donc indispensable d’attribuer les bons mandats et de prévoir une structure organisationnelle transparente.

Les plans ESG dans la pratique
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Les plans ESG dans la pratique

Un plan ESG intégré dans la stratégie d’entreprise

Nous savons désormais que la durabilité ne constitue plus un domaine de travail à part au sein des entreprises. Celles-ci se doivent de l’intégrer dans leur stratégie.

La Commission européenne impose énormément d’obligations en matière de reporting. Ce n’est pas nouveau. Ce qui va changer, c’est l’évolution d’un reporting purement financier à des rapports davantage basés sur les critères ESG.

« Quoi qu’il en soit, le reporting ESG est indissociablement lié à la stratégie d’entreprise », déclare Hildegard Deweerdt.

Le rôle de la technologie dans le reporting des chiffres ESG

Hildegard formule tout de suite une remarque importante : « La technologie est une composante d’un reporting ESG fonctionnel, mais elle ne constitue pas un objectif en soi. »

La directive CSRD prévoit par exemple un cadre pour vérifier dans quel format les chiffres doivent être importés. Ici, la technologie offre clairement une valeur ajoutée.

Cependant, pour les entreprises, le piège est de considérer l’automatisation comme une solution à la rigidité de la structure des données. Les processus qui ne sont pas bien décrits n’ont pas leur place dans un flux automatisé. Veillez d’abord à disposer d’un processus correct et à affiner vos chiffres. Encore une fois : faites attention à la qualité de vos données, avertit Hildegard. Ensuite seulement, l’automatisation et la technologie pourront vous aider.

La technologie peut clairement être un outil précieux pour le reporting. Pensez par exemple à l’utilité des banques de connaissances ou aux modèles, check-lists... qui permettent de travailler rapidement et correctement.

senTRAL est clairement une source de données fiable pour collecter des informations. On y trouve des renseignements uniques, utiles et concrets.

Source de données fiable pour L’expert HSE: senTRAL
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L’expert HSE de demain

Le rôle du coordinateur environnemental, du conseiller en prévention ou du coordinateur de sécurité sera très différent à l’avenir. Dans l’immédiat, il va déjà devoir évoluer afin de mener à bien le reporting ESG.

Ce profil :

  • contactera différentes personnes afin de recueillir des données fiables ;
  • simplifiera les processus pour rendre la collecte des données plus efficace ;
  • devra contrôler les données pour en garantir l’exactitude ;
  • devra se familiariser davantage avec la matrice de matérialité ;
  • aura davantage un rôle de contrôle et devra pouvoir jongler avec les chiffres ;
  • recevra peut-être une nouvelle fonction en tant que chef de projet ESG ou responsable du reporting ESG.

Le dernier conseil de notre experte

Les professionnels HSE ont de belles perspectives d’avenir. S’ils s’y prennent bien, ils pourront bénéficier d’une promotion et d’une remise à niveau de leur fonction au sein de l’entreprise. Alors foncez !
L’expert HSE de demain
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