LegalComplianceFiscalité et comptabilité Investisseurs24 juillet, 2025

Trouver l’équilibre entre l’innovation et l’éthique dans les solutions d’IA juridiques et financières

Bien plus que la simple installation d’un nouveau logiciel, l’intégration de l’IA à votre travail quotidien dépend avant tout de votre personnalité professionnelle intrinsèque. Il va sans dire que vous souhaitez protéger les données confidentielles de vos clients, mais comment le faire dans un monde où les données sont reines ? Comment être certain qu’une solution d’IA demeure équitable et ne porte préjudice à personne ? Et surtout : comment, en tant qu’être humain, garder le contrôle dans un monde où l’intelligence numérique est de plus en plus omniprésente ? De nombreux acteurs des secteurs juridique et financier sont manifestement aux prises avec ces questions. L’implémentation de l’IA nécessite des connaissances techniques, mais pas seulement. Il est en effet essentiel d’en cerner pleinement les implications par rapport à vos tâches journalières, à vos clients et dans la société au sens large. L’IA offre de formidables opportunités, mais la question principale reste de savoir comment utiliser cette technologie tout en respectant vos valeurs professionnelles.

L’IA, une épée à double tranchant

Grâce à leurs vérifications automatiques des documents et à leurs analyses prédictives, les outils d’IA se révèlent être d’une efficacité redoutable, mais ils exigent une réévaluation de vos responsabilités et rôles professionnels. En effet, les décisions fondées sur l’IA soulèvent des questions fondamentales de responsabilité, de transparence et de traitement équitable de toutes les parties prenantes.

Le défi consiste à paramétrer les systèmes d’IA de façon à ce qu’ils soient conformes à votre éthique professionnelle, ce qui demande mûre réflexion : quelles tâches faut-il confier aux ordinateurs et lesquelles faut-il laisser entre les mains humaines ? Comment garantir la confidentialité des données de vos clients ? Comment assurer un traitement équitable de chacun ? Car, en tant que professionnel, vous restez bien entendu responsable du travail réalisé.

L’éthique, une notion complexe

Question 1 : Protection et sécurité des données
Chaque jour, vous utilisez des données confidentielles de clients. Lorsque vous avez recours aux solutions d’IA pour traiter ces informations, vous devez être certain que leur sécurité est totalement garantie, ce qui exige des cadres de gestion des données solides, des audits de sûreté réguliers, ainsi que des mesures préventives en matière d’utilisation des outils d’IA. En Belgique, l’Ordre des avocats met spécifiquement en garde contre les outils publics d’IA, tels que ChatGPT, qui peuvent enregistrer des données sensibles à des fins d’entraînement. Samsung en a fait la douloureuse expérience lorsqu’un ingénieur a involontairement partagé un code source confidentiel dans ChatGPT, créant ainsi des risques permanents sur le plan de la propriété intellectuelle, des violations potentielles d’accords de confidentialité, voire d’éventuelles vulnérabilités au niveau de la protection dont des personnes malveillantes pourraient tirer parti. Ces informations restent accessibles en permanence sur les serveurs externes de ChatGPT, ce qui souligne la gravité de la fuite. Il est donc essentiel de traiter uniquement des données anonymisées dans des logiciels d’IA protégés et fermés.

Question 2 : Transparence
En tant que professionnel, vous devez pouvoir expliquer comment l’IA prend une décision, ce qui n’est guère facile étant donné que de nombreuses solutions d’IA sont des sortes de « boîtes noires » : on obtient un résultat, mais sans savoir comment. Vous, en revanche, devez à tout moment pouvoir justifier comment vous êtes parvenu à tel avis ou telle conclusion. Pour résoudre ce problème, les banques néerlandaises appliquent, par exemple, des algorithmes de boîte blanche aux décisions portant sur les crédits , de sorte que chaque étape du processus de décision est aisément traçable. Par ailleurs, la nouvelle loi européenne sur l’IA , qui oblige explicitement les entreprises à disposer d’une documentation sur la logique décisionnelle de leur IA pour les applications à hauts risques, apporte un cadre clair. Il est donc essentiel de bien comprendre comment cette technologie fonctionne et quelles en sont ses répercussions.

Question 3 : Biais et préjugés
L’entraînement des modèles d’IA repose sur des données historiques ce qui signifie que, à l’instar des êtres humains, ces systèmes d’IA peuvent également avoir des préjugés. Ce problème a déjà été constaté dans la réalité : Amazon a, par exemple, dû cesser d’utiliser un logiciel d’IA impliqué dans le recrutement du personnel , car ce dernier rejetait systématiquement les femmes. Dans le secteur financier également des cas se sont présentés où, dans leur évaluation d’une demande de crédit, des personnes possédant certaines origines ethniques étaient traitées de manière inéquitable . Voilà pourquoi la loi européenne sur l’IA impose des stratégies explicites d’atténuation des biais pour les applications à hauts risques. Les entreprises doivent activement rechercher les éventuelles idées préconçues présentes dans leurs systèmes d’IA et les éliminer, et ce, dans un but évident : traiter chacun, quel qu’il soit, de manière équitable.

Créer un cadre pour un traitement éthique par l’IA

Il convient de bien réfléchir à votre façon de procéder afin d’intégrer utilement l’IA au sein de votre organisation. Il faut élaborer un plan qui tient compte à la fois du facteur technique et de l’aspect humain. En d’autres termes, vous devez établir des consignes claires concernant l’usage de l’IA, régulièrement vérifier qu’aucun problème n’apparaisse et veiller à ce que vos collaborateurs restent toujours au fait des dernières évolutions . Par ailleurs, cela signifie également que vous devez connaître les règles d’éthique appliquées par les fournisseurs des outils d’IA utilisés.

De plus, vous pouvez créer un groupe de travail ou un conseil consultatif dédié à l’éthique, qui surveille spécifiquement si l’IA est utilisée à bon escient. Ce groupe vérifiera si les règles sont respectées et si les nouveaux outils d’IA sont adaptés, définira clairement ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, et aidera les collaborateurs qui utilisent l’IA quand ils font face à une question épineuse.

Enfin, il incombe aux entreprises technologiques de collaborer avec des professionnels des secteurs juridique et financier afin de façonner des outils d’IA vraiment efficaces en pratique. Wolters Kluwer a recours à la cocréation avec ses clients afin de concevoir des outils d’IA qui apportent précisément la valeur ajoutée dont les professionnels ont besoin, et ce, en tenant compte des aspects à la fois techniques et éthiques. Nous nous attachons en particulier au respect de la vie privée et à la transparence . L’IA doit en effet permettre d’améliorer la réalisation de vos tâches professionnelles, mais sans prendre toutes les décisions.

La solution : L’IA combinée à l’expertise humaine

Comment utiliser l’intelligence artificielle tout en respectant vos valeurs professionnelles ? La bonne nouvelle, c’est qu’il ne faut pas choisir entre l’un ou l’autre : en effet, les outils d’IA ne doivent pas seulement être efficaces, mais ils doivent également cerner vos besoins et ceux de vos clients. Pour nous, l’éthique n’est pas un frein au progrès, mais une boussole qui permet de concevoir de meilleures solutions.

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