La facturation électronique, catalyseur de la numérisation
Le monde de l’expertise comptable se numérise rapidement. On se rend peu à peu à l’évidence que l’automatisation est devenue indispensable pour gérer efficacement et correctement des tâches opérationnelles. Parallèlement, nous savons que les données sont cruciales pour pouvoir fournir des conseils personnalisés aux entrepreneurs. La mise en place obligatoire de la facture électronique en Europe d’ici 2028 joue le rôle de catalyseur. « La facture numérique permettra sans aucun doute de réduire le processus chronophage de saisie des données », affirme Paul Simons de CodaBox. « Par ailleurs, ce gain de temps est nécessaire pour les experts-comptables qui veulent concentrer leurs efforts sur plus de conseils. »« Il est dès lors bon que l’Union européenne œuvre en faveur d’une législation en matière de facturation électronique pour les transactions B2B », poursuit Paul Simons. « Car même si tout le monde est convaincu de l’importance de la facturation électronique, seulement 10 % de toutes les factures B2B sont envoyées par la voie numérique à l’heure actuelle. Il reste donc un long chemin à parcourir. »
« Grâce à la numérisation, les experts-comptables peuvent faire bien plus aujourd’hui », reconnaît Bart Van Coile, de l’association professionnelle ITAA. « Nous pouvons donner des informations aux entrepreneurs auxquelles ils n’avaient pas accès auparavant. Les possibilités en matière de conseils sont énormes. Ce rôle sera crucial pour les experts-comptables ».
Incidence de l’intelligence artificielle au sein du bureau d’expertise comptable
La technologie joue un rôle essentiel dans la réussite des cabinets d’expertise comptable. Les percées récentes dans le domaine de l’intelligence artificielle – pensez à ChatGPT – sont prometteuses et font également l’objet d’un suivi rigoureux par les experts-comptables. « L’intelligence artificielle jouera sans aucun doute un rôle essentiel dans le processus d’automatisation du cabinet d’expertise comptable », déclare Paul Simons. « La génération d’un document comptable correct sur la base d’une facture, par exemple, est une tâche que l’intelligence artificielle pourra assurer à court terme. »« Toutefois, nous ne devons pas perdre de vue le rôle de contrôleur de l’expert-comptable », prévient Bart Van Coile. « Nos clients veulent avoir la certitude que leurs chiffres sont corrects. Il est et reste de la responsabilité de l’expert-comptable d’offrir cette garantie. »
Spécialisation ou consolidation ?
Pas mal de choses bougent sur le marché de l’expertise comptable. Les acquisitions et les consolidations de bureaux d'expertise comptable sont aujourd’hui courantes. Paul Simons, de CodaBox, estime qu’il y a aujourd’hui une à deux acquisitions par jour. « D’une part, cela leur donne plus de poids sur le marché, et d’autre part, cela leur offre la possibilité d’attirer plus de connaissances et de se spécialiser davantage. Les personnes qui montent leur propre cabinet aujourd’hui n’ont pas d’autre choix que de miser sur l’automatisation. »« Je pense que les petits cabinets auront beaucoup de mal à l’avenir », confirme Bart Van Coile. « La pression administrative est telle qu’il est plus efficace de collaborer avec d’autres parties. »
Hausse des charges administratives, augmentation de la charge de travail
L’augmentation constante des charges administratives ne date pas d’hier dans le monde de l’expertise comptable. Depuis plusieurs années, la profession figure aussi sur la liste des métiers en pénurie. « Ces deux dernières années, le personnel des cabinets a augmenté de 7,3 % », explique Bart Van Coile. « Malgré cette augmentation, la charge de travail s’est intensifiée, en raison de l’augmentation, d’année en année, des charges administratives. C’est le cœur du problème. De nombreux collaborateurs âgés de 40 à 50 ans quittent l’entreprise à cause de la charge de travail. Les gens aspirent à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. »C’est en partie pour cette raison que les cabinets peinent à recruter des collaborateurs. Le problème s’intensifie d’année en année. Une solution s’impose. « Nous devons oser recruter des personnes ayant moins de compétences et leur offrir ensuite les connaissances nécessaires pour les recycler. Il faut penser différemment pour recruter de nouveaux profils. »
