Comment innover à 187 ans ?

On me demande parfois, en tant que responsable du portefeuille d’innovation chez Wolters Kluwer Legal & Regulatory Benelux, si une grande entreprise peut innover. 

Depuis sa création en 1836, notre entreprise est devenue une véritable référence internationale dans différents secteurs. La taille et l’héritage de notre organisation, qui est active sur des marchés où les start-up poussent comme des champignons, pourraient être considérés comme une menace pour l’innovation. Mais d’après moi, rien n’est moins vrai. Notre expertise, mais aussi nos connaissances et nos 187 ans d’expérience, nous permettent justement de nous focaliser sur ce qui compte réellement sur le marché et de continuer à y jouer un rôle moteur. Innover en restant proche des clients, là est tout le secret.

Innover en fonction des besoins du marché

Je n’ai jamais considéré l’innovation comme un objectif en soi, mais plutôt comme un moyen d’aider au mieux nos clients qui, à leur tour, sont guidés par les besoins de leurs propres clients : il peut s’agir de la clientèle de bureaux d’avocats et de comptabilité, mais aussi d’entreprises qui font appel à des juristes, fiscalistes et spécialistes RH. Ces besoins se révèlent dans la collaboration quotidienne, même si l’appel au changement le plus évident se présente lorsqu’un fait inattendu se produit. 

Prenons l’exemple de la pandémie d’il y a trois ans. Bon nombre d’entreprises ont dû passer à la vitesse supérieure pour, à leur tour, continuer à servir au mieux leurs clients. Et pour certaines, il a fallu se réinventer à vitesse grand V. Le besoin de disposer de sources numériques et de moyens permettant de collaborer virtuellement, sur des projets ainsi que des documents, mais aussi d’organiser des réunions officielles en ligne (comme des assemblées générales) ne s’est jamais autant fait ressentir.

En ce qui concerne Wolters Kluwer, pendant la décennie ayant précédé le coronavirus, nous avions déjà aidé, par le biais de nos propres innovations en matière de contenus et de logiciels, un grand nombre de nos clients dans leur numérisation. En 2020, nous avons par conséquent été en mesure d’aider les entreprises et les professionnels, qui étaient encore en pleine transition vers le travail numérique, à finaliser ce processus en un temps record et de garantir ainsi la sécurité de leurs activités. 

2 types d’innovation : évolution vs révolution

L’innovation en matière de produits et de Business models nous aide dans notre mission qui consiste à soutenir nos clients pour qu’ils puissent créer de la valeur ajoutée. Il s’agit d’un processus continu dans le cadre duquel nous nous focalisons sur deux types d’innovation : d’un côté, les évolutions durables, auxquelles nous travaillons en général au niveau local et qui visent à améliorer le portefeuille existant, et de l’autre côté, les évolutions disruptives qui sont réalisées en collaboration avec l’organisation mondiale et qui s’appuient sur des concepts totalement novateurs. 

Les améliorations qui seront apportées à notre solution Navigator aux Pays-Bas sont un exemple d’évolution durable. En Belgique aussi, nous améliorons et optimisons continuellement nos produits. Grâce à ces évolutions, le contenu de nos solutions répond mieux aux besoins des juristes et fiscalistes et l’expérience d’utilisation de nos produits s’est considérablement améliorée. 

La recherche et le développement de nouveaux modules experts sont un bel exemple d’évolution disruptive qui optimise le flux de travail de nos clients. À l’aide de l’IA, nous souhaitons offrir aux utilisateurs finaux, sur la base d’une simple description d’une affaire et du contenu déjà disponible, des informations ciblées dans tous les domaines du droit. En d’autres mots, nous voulons mettre en évidence les arguments juridiques issus de la jurisprudence la plus pertinente. Nous examinons aussi la manière dont nous pouvons leur fournir des informations qui augmentent leurs chances deréussite dans une affaire, en vérifiant notamment si et comment certains arguments et sources de droit sont cités dans la jurisprudence. 

Innovation réussie = utilité x faisabilité x viabilité 

Le lancement de nouveaux produits ou de solutions retravaillées est toujours précédé d’un processus structuré de validations de la part des clients. Avec cette procédure, nous disposons d’un aperçu clair des besoins de nos clients (utilité), de la manière dont nous pouvons répondre au mieux à ces besoins (faisabilité) et de la façon dont nous pouvons offrir à nos clients un maximum de valeur ajoutée, de sorte que les investissements réalisés dans une nouvelle solution soient justifiés (viabilité). 

En tant qu’entreprise, nous nous penchons maintenant aussi sur tous les développements en matière d’intelligence artificielle générative comme (Chat)GPT. Sont visées, les applications de texte ou encore la génération de codes, d’images ou d’autres médias. Nous examinons les différentes options et nous les testons afin d’en tirer un maximum de valeur ajoutée. La synthèse de documents est une application évidente, mais nous étudions aussi s’il est possible d’utiliser l’IA générative pour rédiger des contrats, réaliser des recherches juridiques conversationnelles et élaborer des raisonnements juridiques. 

Une chose est certaine sur le plan de l’innovation, je ne vois que des avantages à faire partie d’une grande entreprise. En tant qu’organisation du Benelux disposant d’une offre locale claire, nous pouvons récolter les fruits des technologies innovantes qui sont conçues, testées et approuvées à l’échelle mondiale, pour ensuite les appliquer à la dynamique de notre marché. En résumé, nous visons une innovation proche et au profit de nos clients.