Legal15 septembre, 2025

La cybersécurité simplifiée pour les avocats : Les attaques par phishing et ransomware et comment les prévenir

La cybersécurité n’est plus seulement une préoccupation informatique pour les cabinets d’avocats, elle est devenue une responsabilité professionnelle essentielle. Avec des cyberattaques de plus en plus sophistiquées et des exigences réglementaires de plus en plus strictes, protéger les informations sensibles et maintenir la confiance des clients n’a jamais été aussi important.

Cet article, rédigé par Me Marco Martorana et Dr Gaja Nutini, explore les types de cyberattaques qui ciblent les cabinets d’avocats, leurs impacts et les meilleures pratiques à mettre en œuvre pour les prévenir. De la compréhension de la structure d’une attaque à la navigation dans les complexités des ransomwares et de la conformité réglementaire, ce guide complet fournit aux avocats les outils et les connaissances dont ils ont besoin pour protéger efficacement leur activité.


Table des matières

  1. L’augmentation des risques cybersécuritaires pour les cabinets d’avocats
  2. Les attaques par phishing et ransomware : comment opèrent les cybercriminels
  3. Les meilleures pratiques pour prévenir les cyberattaques : une approche intégrée
  4. Le paiement de rançon : comment ça marche et quelles sont les conséquences
  5. Points clés à retenir en matière de cybersécurité pour les avocats

L’augmentation des risques cybersécuritaires pour les cabinets d’avocats

Au cours des dernières années, le paysage de la cybersécurité a connu une transformation radicale, avec une forte augmentation des attaques ciblées contre les secteurs traitant des données hautement sensibles. Dans ce contexte, les cabinets d’avocats sont devenus des cibles de choix pour les cybercriminels. Les raisons sont claires : les cabinets d’avocats sont les gardiens de confiance des informations confidentielles, des secrets industriels et des stratégies de leurs clients, qui ont souvent une valeur inestimable.

Les répercussions financières des cyberattaques sont catastrophiques. Les cabinets d’avocats touchés peuvent être confrontés à des temps d’arrêt prolongés et à des coûts de reprise dépassant 50 000 euros par jour. Les petits et moyens cabinets d’avocats sont particulièrement vulnérables. En effet, comme le confirme l’Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité (ENISA), 70 % d’entre eux n’ont pas encore mis en place de mesures de sécurité adéquates. La situation concerne le monde entier. Par exemple, l’American Bar Association a signalé en 2023 que 29 % des cabinets d’avocats américains avaient été victimes de violations de sécurité et que trois cabinets sur quatre touchés par de tels incidents avaient dû fermer totalement au moins trois jours.

Attaques par phishing et ransomware : comment opèrent les cybercriminels

Les méthodes utilisées pour compromettre les systèmes informatiques des cabinets d’avocats suivent des schémas bien établis, mais elles ne cessent d’évoluer et de se s’améliorer. Le phishing (hameçonnage) reste le point d’entrée préféré, un mécanisme par lequel les cybercriminels incitent les destinataires à fournir leurs identifiants de connexion ou à télécharger des pièces jointes malveillantes. Une variante particulièrement insidieuse est le « spear phishing » : il s’agit de communications hautement personnalisées imitant des expéditeurs de confiance, tels que des clients, des collègues ou des institutions que nous connaissons et en qui nous avons confiance.

La campagne « Legalmail Compromised », documentée par la police postale italienne en mars 2024, en est un exemple frappant. De nombreux cabinets d’avocats ont reçu des communications frauduleuses semblant provenir du système de messagerie certifié largement utilisé par les professionnels du droit en Italie. Ces messages étaient si sophistiqués qu’ils ont contourné les filtres antispam, atteignant un taux de réussite de 23 %.

Une fois l’accès initial obtenu, l’attaque se déroule généralement en trois phases :

  1. Reconnaissance : Cartographier le réseau pour identifier les données de grande valeur.
  2. Élévation des privilèges : Obtenir un accès de niveau administrateur pour obtenir des identifiants.
  3. Exfiltration et cryptage : Extraire et crypter les données, souvent accompagnées d’une demande de rançon.

Avec l’arrivée du « ransomware à double extorsion », la situation s’aggrave. Dans ce cas, le cryptage des données s’accompagne de la menace de leur publication, ce qui augmente considérablement la pression sur les victimes.

Récemment, le cabinet de conseil en cyberrisques S-RM a signalé une augmentation significative des attaques de type « Business Email Compromise » (BEC) contre des cabinets d’avocats. Les groupes criminels ont développé des techniques sophistiquées pour contourner les systèmes d’authentification multifactorielle (MFA), notamment le vol de cookies de session ainsi que la manipulation des adresses IP et des données de géolocalisation afin d’échapper à la détection.

Les meilleures pratiques pour prévenir les cyberattaques : une approche intégrée

Face à ces risques et responsabilités, il est clair que les cabinets d’avocats doivent adopter une approche structurée de la cybersécurité, fondée sur le principe de la « défense en profondeur ». Pensez la cybersécurité comme la protection d’un château médiéval : un seul mur, aussi épais soit-il, est insuffisant. Il vous faut des douves, des tours de guet, des sentinelles et des plans d’évacuation pour fournir une protection efficace. Cette stratégie se déploie à plusieurs niveaux complémentaires.

Si vous travaillez dans un cabinet d’avocats de petite ou moyenne taille, la formation du personnel est le premier niveau de protection et le plus important. La mise en place de programmes de simulation de phishing s’avère particulièrement efficace : une étude de l’université Bocconi de Milan a constaté une réduction de 62 % des incidents dans les cabinets d’avocats qui ont adopté ces mesures. Concrètement, cela consiste à envoyer périodiquement de faux e-mails de phishing au personnel afin de tester sa réactivité et d’identifier ses lacunes.

Sur le plan technologique, l’adoption de solutions d’authentification multifactorielle (MFA) est une mesure essentielle, tout comme la mise en place de systèmes de sauvegarde hors ligne permettant de restaurer les données en cas d’attaque par ransomware. Il est important de noter que, selon Microsoft, la MFA peut bloquer jusqu’à 99 % des attaques compromettantes. Segmenter le réseau est aussi une solution pertinente : cela limite la propagation latérale des attaques. En outre, utiliser des solutions de détection et de réponse aux incidents (EDR) permet de détecter les comportements anormaux avant qu’ils ne se transforment en réelles compromissions.

💡 S’appuyant sur ces mesures essentielles de cybersécurité, Kleos fournit une solution complète adaptée aux cabinets d’avocats. Kleos place l’authentification multifactorielle (MFA) au cœur de son système et s’aligne sur les meilleures pratiques pour bloquer les attaques compromettantes. Grâce à un cryptage automatique, des sauvegardes régulières pour la récupération en cas de ransomware et des centres de données certifiés ISO 27001 avec une surveillance 7j/7 24h24, Kleos renforce également la sécurité des données et offre une défense robuste pour protéger les données juridiques sensibles.

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Il est également essentiel de disposer d’un plan d’intervention en cas d’incident bien structuré et testé. Il ne s’agit pas simplement de conserver un document dans un tiroir, mais d’établir un protocole opérationnel qui définit clairement ce qu’il faut faire, qui doit le faire et comment communiquer en cas de violation. Des exercices périodiques simulant des scénarios réalistes permettent de vérifier son efficacité et de s’assurer que nous sommes prêts en cas d’urgence réelle. D’un point de vue organisationnel, nommer un responsable de la cybersécurité (même en externe pour les petits cabinets) peut être un choix stratégique. Cela permettrait de gérer les questions de sécurité de façon centralisée et de surveiller l’évolution des menaces en continu.

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Paiement de la rançon : comment ça marche et quelles sont les conséquences

« Ils ont toutes nos données. Les clients vont nous poursuivre en justice si elles sont publiées. Nous devrions peut-être payer... » C’est une pensée compréhensible lorsque l’on est sous la pression d’une attaque par ransomware.

Cependant, la question est plus complexe qu’il n’y paraît.

Selon Europol, payer la rançon contribue à financer d’autres activités criminelles et ne garantit pas nécessairement la récupération des données, avec un taux de réussite d’environ 65 %. Cependant, refuser catégoriquement de négocier peut conduire à la perte définitive d’informations critiques si des sauvegardes adéquates ne sont pas disponibles.

Les coûts associés aux attaques par ransomware peuvent être dévastateurs. Un cas emblématique concerne un cabinet d’avocats qui, à la suite d’une attaque, a subi des pertes de près de 700 000 dollars en facturation à ses clients, en plus du coût de la rançon, qui n’a pas été divulgué. Le cabinet a d’abord été contraint de payer les pirates en bitcoins, puis d’accepter d’autres paiements en bitcoins, ce qui l’a mis en difficulté et a rendu ses employés improductifs pendant plusieurs mois.

D’un point de vue juridique, il est important de souligner que dans certaines juridictions, payer la rançon peut constituer une violation potentielle des réglementations antiblanchiment ou des dispositions relatives au financement du terrorisme. Aux États-Unis, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) a publié des lignes directrices décourageant explicitement le paiement de rançons à des groupes sanctionnés, avec des conséquences juridiques potentielles pour ceux qui les enfreignent.

En Europe, bien qu’il n’existe actuellement aucune interdiction explicite, la question fait l’objet d’une attention croissante de la part des régulateurs : le Parlement a récemment adopté une résolution appelant à examiner la possibilité d’imposer des restrictions sur le paiement de rançons en cryptomonnaies.

Par conséquent, les décisions doivent être prises en tenant compte non seulement des coûts immédiats, mais aussi des implications juridiques, réputationnelles et éthiques. Il convient de réfléchir à cette question avant de se retrouver dans une situation d’urgence.

Points clés à retenir en matière de cybersécurité pour les cabinets d’avocats

Les attaques de plus en plus sophistiquées qui pèsent sur la cybersécurité et l’évolution du cadre réglementaire nous obligent à renforcer considérablement notre approche en la matière. Il ne s’agit plus d’une simple question technique à déléguer au service informatique, mais d’une responsabilité professionnelle au cœur même de notre activité.

Lors de la prochaine phase de l’évolution réglementaire, il est probable que les interactions entre les différents régimes juridiques internationaux augmentent. Il est également probable que des tentatives d’harmonisation des normes de sécurité et des mécanismes de notification des violations voient le jour. Pour les cabinets d’avocats ayant une clientèle internationale, cela signifie se préparer à naviguer dans des exigences de conformité de plus en plus complexes et interconnectées. En outre, nous pouvons nous attendre à un renforcement des obligations en matière de sécurité, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle pour la détection des anomalies, et la blockchain pour la certification de l’intégrité des documents.

Parallèlement, nous devrions assister à une évolution juridique en faveur d’un élargissement de la responsabilité professionnelle en cas d’incident. Dans ce contexte, il est essentiel pour nous, en tant que professionnels du droit, de promouvoir une culture de la sécurité qui imprègne tous les niveaux de l’organisation. Pour cela, il nous faut dépasser l’approche traditionnellement réactive pour adopter une stratégie proactive fondée sur une évaluation continue des risques.

La sécurité absolue n’existe pas, mais la résilience, elle, oui : la capacité à prévenir de nombreuses menaces et à réagir efficacement à celles qui parviennent à franchir nos défenses. Dans un monde où les données sont considérées comme « l’or numérique », la protection des informations de nos clients n’est pas seulement une obligation légale ou éthique, c’est le fondement même de la confiance sur laquelle repose notre profession. Et, comme nous le savons bien, la confiance, une fois perdue, est extrêmement difficile à regagner.

Me Marco Martorana
Dr Gaja Nutini

Références :

Site web du Garant pour la protection des données personnelles
Clusit. (2025). Rapporto sulla Sicurezza ICT in Italia. Clusit.
Cour de justice de l’Union européenne. (2024). Arrêt C-687/21. EUR-Lex.
ENISA Space Threat Landscape 2025
American Bar Association (2024). Tech Survey 2024: ABA Publishing.
Commission européenne. (2022). Directive (UE) 2022/2555 du Parlement européen et du Conseil du 14 décembre 2022 relative à des mesures pour un niveau élevé commun de cybersécurité dans l’Union (directive NIS 2)
Garant pour la protection des données personnelles (2023). Disposition no 273 du 13 juillet 2023.
International Bar Association (IBA). Directives en matière de cybersécurité
JdSupra (2025). Cybersecurity, Wire Fraud, and Attorney Liability: The Growing Risk Landscape
Lockton. Why law firms must focus on information security & cyber crime
CShub (2023). BEC attacks on law firms spike as cyber criminals bypass MFA

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