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Droit21 août, 2020

Enquête 2020 - Avocats et Juristes face au futur - focus spécial sur la pandémie de COVID-19 et l'impact sur le secteur juridique

En 2020, Wolters Kluwer a publié une enquête indépendante - l’enquête 2020 Avocats et juristes face au futur : Facteurs de performance - avec l’objectif d’évaluer le niveau de préparation et la résilience du secteur juridique face au futur. Cette enquête, menée en janvier 2020, a été réalisée auprès de 700 professionnels du droit aux États-Unis et dans neuf pays européens.

L'enquête a examiné les tendances du futur du droit, alors que l'ensemble de ce secteur connaît une transformation profonde, et dans quelle mesure les professionnels du droit sont prêts à améliorer leurs performances.

Téléchargez les résultats de l’enquête

En complément des résultats de l’enquête, des experts européens partagent leur vision de l'impact de la pandémie mondiale de coronavirus sur le secteur juridique, aujourd'hui et à plus long terme.

Extrait issus de l’enquête 2020 Avocats et juristes face au futur : Facteurs de performance avec l’avis d’expert de Grégoire Miot

Grégoire Miot est responsable des nouveaux marchés pour les logiciels juridiques chez Wolters Kluwer Legal & Regulatory. Ambassadeur France de l’Association européenne de technologie juridique (ELTA – European Legal Tech Association), il est également co-auteur LegalTech Book (Wiley – 2020).

Selon vous, quelles sont les principales qualités/caractéristiques des acteurs qui ont su résister à cette crise jusqu'à présent ?

La crise du COVID-19 est une mise à l'épreuve sans précédent de nos processus et de nos organisations. Pour de nombreux professionnels du droit, télétravailler à 100 % et, par conséquent, ne compter que sur le numérique, a bouleversé les méthodes de travail. Ce que l’on désigne de plus en plus souvent comme « nouvelle norme », remet en question nos habitudes, nos pratiques de collaboration et même nos compétences. En même temps que nous adoptions de nouvelles habitudes d'hygiène, nous avons également pris progressivement conscience de questions de cybersécurité, d'accessibilité des données, de collaboration.

Trouver des alternatives pour effectuer des tâches courantes, qui nécessitaient un support papier et une présence physique, se traduit inévitablement par un recours accru aux solutions numériques dans nos routines de travail. Aussi, les acteurs qui ont su rebondir rapidement, sont ceux qui avaient déjà amorcé leur transformation digitale.

Passer au tout-numérique en quelques jours a été un choc violent pour de nombreux acteurs. Il y a donc, avant tout, un vrai travail de préparation pour ne plus revivre ce choc. L’étape suivante sera un travail de compréhension pour mieux saisir les enjeux de la legaltech, qui passe par la sensibilisation et la formation. Les chiffres de l’étude « Future Ready Lawyer » le confirment : même si de nombreuses organisations comptent utiliser des technologies avancées (IA, blockchain, etc.) dans les prochaines années, le niveau de compréhension reste encore trop faible (< 20%).

Quels domaines/professionnels du secteur juridique seront les plus affectés ? Selon vous, quel sera l‘impact à long terme sur leur fonctionnement et la valeur ajoutée qu’ils offrent ?

Toutes les professions du droit sont concernées par l’enjeu de la transformation digitale de leur métier pour rester agile, compétitif et efficace. La crise du Covid-19 aura mis l’ensemble de l’industrie du droit sur les rails pour exploiter différemment ses données juridiques.

À ce titre, les éditeurs de logiciels ont aussi une grande responsabilité pendant cette période, avec un devoir de transparence et de conseil sur leurs offres. La crise organisationnelle, qui a suivi la crise sanitaire, a suscité un sentiment d’urgence pour de nombreuses professions du droit et peut conduire à des choix technologiques précipités avec un besoin mal identifié.

L’exploitation des métadonnées juridiques est devenu un sujet critique, car il était déjà sous les projecteurs avec les conséquences du Brexit ou encore avec la disparition de l'indice Libor. Avec la crise, les départements juridiques se sont notamment focalisés sur les clauses de « force majeure ». C’est un cas d’usage parfait des outils de contract management (CLM) combinés aux solutions d'intelligence artificielle qui vont enfin pouvoir démontrer leur vraie valeur ajoutée.
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Les solutions de signature électronique et de gestion des données privé sont souvent le point de départ des projets de transformation digitale. Pourtant, elles ne seront pas suffisantes si elles ne sont pas accompagnées d'outils collaboratifs pour organiser l'accès à l’information juridique et à une communication fluide avec le reste de l'entreprise.

Enfin, les éditeurs de logiciels doivent également se préparer à renforcer leurs propres niveaux d'exigences face aux attentes accrues des clients en termes de visibilité sur leur roadmap produit, de niveau de service et une parfaite compréhension de leurs enjeux business.

En quoi la pandémie, une force motrice, parmi d‘autres forces, de la transformation que connaît actuellement l‘industrie juridique a-t-elle accéléré ou entravé la transformation de la profession d‘avocat et de juriste ?

La précipitation de certains professionnels du droit sur des outils de « première nécessité » technologique, comme la signature électronique, a révélé un profond changement de perception du secteur de la legaltech.

Au-delà de l’évolution du besoin, qui s’est rapidement adapté au nouveau contexte de travail, cette période a mis en évidence un changement durable de paradigme lorsqu’il s’agit d’investir dans de nouveaux outils, avec une approche plus « ROI-iste » que « fonctionnaliste ». Si les professionnels ont longtemps opposé des réalités fonctionnelles (liste tableur vs. matrice intelligente, par exemple) pour guider leurs choix, la crise a fondamentalement favorisé une approche économique des outils technologiques (tâches chronophages vs. économie de temps & d’argent).

Cette démarche rapproche aussi les professionnels du droit de la prochaine génération d’outils et de technologies qui semblaient trop éloignés de leur quotidien et de leurs besoins. Cette crise replace la legaltech au centre d’un défi business pour les acteurs du droit et amorce, à l’évidence, une course à l’armement rapide pour préparer la reprise.

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